Serranía del Darién (Sabinaria, un Joyau des Amériques)
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Serranía del Darién (Sabinaria, un Joyau des Amériques)
Sabinaria est un nouveau genre de palmier décrit en 2013 par Rodrigo Bernal et son épouse Gloria Galeano, deux botanistes colombiens en l'honneur de leur fille Sabina Bernal Galeano.
Il représente la découverte majeure de ce début des années 2010 à l'instar du genre Tahina endémique de Madagascar qui fut la plus grande surprise des années 2000.
Distribution
Endémique des montagnes de Tacarcuna (Serranía del Darién), situées à la frontière entre la Colombie et le Panama, il constitue une particularité dans la tribu des Cryosophileae à laquelle il appartient tant par la forme de ses feuilles que par ses fleurs. Cette chaîne de montagnes, peu explorée, présente un fort taux d'endémisme et de nombreuses espèces, aussi bien animales que végétales, y ont été découvertes ces dernières années.
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Appartenance de Sabinaria à la tribu des Cryosophileae
Cette tribu se compose de dix genres étant respectivement les suivants : Coccothrinax, Hemithrinax, Leucothrinax, Thrinax, Zombia, Schippia, Itaya, Cryosophila, Trithrinax, Chelyocarpus. Il ne fait aucun doute que Sabinaria appartienne à la tribu Cryosophileae, en raison de ses feuilles à la base foliaire fendue, une des caractéristiques retrouvée au sein de certains genres dans cette tribu, mais également par ses fleurs avec un seul carpelle.
Ce dernier caractère le rapproche du genre Schippia, indigène au Guatemala et au Belize, mais aussi du genre amazonien Itaya dont il diffère par ses fleurs unisexuées mais également par ses bractées persistantes le long du rachis, Itaya ayant, quant à lui, des fleurs hermaphrodites et des bractées sur le rachis caduques lors de l'anthèse. La floraison particulière du Sabinaria se répercute donc sur ses fruits présents à la base des rameaux florifères cachés par les bractées du rachis.
La structure des feuilles du Sabinaria est également unique parmi les Cryosophileae, car il n'a aucune division profonde secondaire commune à la tribu. Bien que certaines divisions soient souvent trouvées sur les feuilles plus âgées, elles sont irrégulièrement situées dans l'une des moitiés de feuilles et sont évidemment causées par des chutes de branches ou d'autres facteurs externes plutôt que par l'ontogenèse des feuilles.
Autre fait marquant caractérisant ce genre, le calice est fusionné à la corolle en un point de sorte qu'ils ne semblent former qu'un seul et même tissu. Ce fait n'a été enregistré dans aucun autre genre de la tribu. Le dernier critère concerne ses pétales dont le manque de fusion forme un tube ouvert.
Ces deux derniers points place le Sabinaria comme un intermédiaire entre les genres de cette tribu au périanthe unisérié et ceux au périanthe bisérié.
La localisation du Sabinaria dans la zone de contact entre l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud est particulièrement intéressante, notamment au niveau de la phylogénie car proche des genres Itaya et Schippia, elle pourrait clarifier la position incertaine de Schippia au sein de la tribu.
Enfin Sabinaria est actuellement constitué d'une seule espèce, Sabinaria magnifica, ayant permis sa description.
Description de Sabinaria magnifica
Sabinaria magnifica est une espèce solitaire de taille modérée, inerme, pléonanthique, monoïque.
Le stipe pouvant atteindre une hauteur de 6 mètres, présente un diamètre d'une dizaine de centimètres recouvert de cicatrices foliaires peu marquées. Les feuilles au nombre d'une trentaine et de 3 mètres de long présentent à leur extrémité une lame de forme semi-circulaire, tronquée de manière inégale et dont le dos (face abaxiale) présente une coloration argentée. Les inflorescences d'environ un mètre de long, de couleur marron clair, naissent entre les feuilles et sont ramifiées d'ordre 1. Les fruits jaunes à maturité sont généralement subglobuleux d'environ 4 cm de long pour un diamètre de 3 cm.
Cette espèce répondant au nom vernaculaire de girasol en espagnol (qui veut dire tournesol) semble être très localisée en Colombie. Elle n'est seulement connue que dans une petite zone à la base de la Serranía del Darién, dans le département du Chocó, au nord-ouest de la Colombie, entre 100 et 250 m d'altitude. La zone étant à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Colombie et le Panama, il se pourrait qu'on la retrouve dans ce pays également. Il convient de préciser que dans cette région, la hauteur moyenne annuelle des précipitations est très importante.
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal (Vue d'ensemble)
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal (Face abaxiale)
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal (Inflorescence)
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Crédit Photo: Saúl Hoyos (Infrutescence)
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal ( Feuille de Sabinaria dans les mains de Angie Henao)
Conservation
Il existe pour le moment très peu d'informations disponibles sur la répartition des Sabinaria, et une évaluation de son état de conservation en fonction des paramètres de l'UICN n'est donc pas possible à l'heure actuelle. La zone où le palmier pousse comporte de vastes forêts sur de nombreux kilomètres des deux côtés de la frontière entre la Colombie et le Panama. Des centaines d'adultes et de plants de toutes les tailles ont pu y être observés, ce qui démontre que l'espèce ne semble pas être menacée sur le moyen terme ; cependant la zone est proche de la région d'Urabá, l'une des zones les plus gravement déboisées de la Colombie. La protection de ce site doit donc être fortement encouragée afin de protéger l'espèce.
Conclusion
Des études moléculaires, anatomiques qui seront réalisées sur le genre Sabinaria, ainsi que des études comparatives quant à la reproduction chez les genres de cette tribu pourront certainement faire la lumière sur l'évolution et la dispersion des Cryosophileae (Coryphoideae) au sein du continent américain.
Bibliographie
Galeano, G. & Bernal, R (2013) Sabinaria, a new genus of palms (Cryosophileae, Coryphoideae, Arecaceae) from the Colombia-Panama border. Phytotaxa 144 (2): 27–44. Magnolia Press, Auckland, NZL.
Pour ceux qui souhaiteraient lire la publication (en anglais) dans son ensemble, voici le lien vers l'article:
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Il représente la découverte majeure de ce début des années 2010 à l'instar du genre Tahina endémique de Madagascar qui fut la plus grande surprise des années 2000.
Distribution
Endémique des montagnes de Tacarcuna (Serranía del Darién), situées à la frontière entre la Colombie et le Panama, il constitue une particularité dans la tribu des Cryosophileae à laquelle il appartient tant par la forme de ses feuilles que par ses fleurs. Cette chaîne de montagnes, peu explorée, présente un fort taux d'endémisme et de nombreuses espèces, aussi bien animales que végétales, y ont été découvertes ces dernières années.
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Appartenance de Sabinaria à la tribu des Cryosophileae
Cette tribu se compose de dix genres étant respectivement les suivants : Coccothrinax, Hemithrinax, Leucothrinax, Thrinax, Zombia, Schippia, Itaya, Cryosophila, Trithrinax, Chelyocarpus. Il ne fait aucun doute que Sabinaria appartienne à la tribu Cryosophileae, en raison de ses feuilles à la base foliaire fendue, une des caractéristiques retrouvée au sein de certains genres dans cette tribu, mais également par ses fleurs avec un seul carpelle.
Ce dernier caractère le rapproche du genre Schippia, indigène au Guatemala et au Belize, mais aussi du genre amazonien Itaya dont il diffère par ses fleurs unisexuées mais également par ses bractées persistantes le long du rachis, Itaya ayant, quant à lui, des fleurs hermaphrodites et des bractées sur le rachis caduques lors de l'anthèse. La floraison particulière du Sabinaria se répercute donc sur ses fruits présents à la base des rameaux florifères cachés par les bractées du rachis.
La structure des feuilles du Sabinaria est également unique parmi les Cryosophileae, car il n'a aucune division profonde secondaire commune à la tribu. Bien que certaines divisions soient souvent trouvées sur les feuilles plus âgées, elles sont irrégulièrement situées dans l'une des moitiés de feuilles et sont évidemment causées par des chutes de branches ou d'autres facteurs externes plutôt que par l'ontogenèse des feuilles.
Autre fait marquant caractérisant ce genre, le calice est fusionné à la corolle en un point de sorte qu'ils ne semblent former qu'un seul et même tissu. Ce fait n'a été enregistré dans aucun autre genre de la tribu. Le dernier critère concerne ses pétales dont le manque de fusion forme un tube ouvert.
Ces deux derniers points place le Sabinaria comme un intermédiaire entre les genres de cette tribu au périanthe unisérié et ceux au périanthe bisérié.
La localisation du Sabinaria dans la zone de contact entre l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud est particulièrement intéressante, notamment au niveau de la phylogénie car proche des genres Itaya et Schippia, elle pourrait clarifier la position incertaine de Schippia au sein de la tribu.
Enfin Sabinaria est actuellement constitué d'une seule espèce, Sabinaria magnifica, ayant permis sa description.
Description de Sabinaria magnifica
Sabinaria magnifica est une espèce solitaire de taille modérée, inerme, pléonanthique, monoïque.
Le stipe pouvant atteindre une hauteur de 6 mètres, présente un diamètre d'une dizaine de centimètres recouvert de cicatrices foliaires peu marquées. Les feuilles au nombre d'une trentaine et de 3 mètres de long présentent à leur extrémité une lame de forme semi-circulaire, tronquée de manière inégale et dont le dos (face abaxiale) présente une coloration argentée. Les inflorescences d'environ un mètre de long, de couleur marron clair, naissent entre les feuilles et sont ramifiées d'ordre 1. Les fruits jaunes à maturité sont généralement subglobuleux d'environ 4 cm de long pour un diamètre de 3 cm.
Cette espèce répondant au nom vernaculaire de girasol en espagnol (qui veut dire tournesol) semble être très localisée en Colombie. Elle n'est seulement connue que dans une petite zone à la base de la Serranía del Darién, dans le département du Chocó, au nord-ouest de la Colombie, entre 100 et 250 m d'altitude. La zone étant à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Colombie et le Panama, il se pourrait qu'on la retrouve dans ce pays également. Il convient de préciser que dans cette région, la hauteur moyenne annuelle des précipitations est très importante.
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal (Vue d'ensemble)
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Crédit Photo: Saúl Hoyos (Infrutescence)
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Crédit Photo: Rodrigo Bernal ( Feuille de Sabinaria dans les mains de Angie Henao)
Conservation
Il existe pour le moment très peu d'informations disponibles sur la répartition des Sabinaria, et une évaluation de son état de conservation en fonction des paramètres de l'UICN n'est donc pas possible à l'heure actuelle. La zone où le palmier pousse comporte de vastes forêts sur de nombreux kilomètres des deux côtés de la frontière entre la Colombie et le Panama. Des centaines d'adultes et de plants de toutes les tailles ont pu y être observés, ce qui démontre que l'espèce ne semble pas être menacée sur le moyen terme ; cependant la zone est proche de la région d'Urabá, l'une des zones les plus gravement déboisées de la Colombie. La protection de ce site doit donc être fortement encouragée afin de protéger l'espèce.
Conclusion
Des études moléculaires, anatomiques qui seront réalisées sur le genre Sabinaria, ainsi que des études comparatives quant à la reproduction chez les genres de cette tribu pourront certainement faire la lumière sur l'évolution et la dispersion des Cryosophileae (Coryphoideae) au sein du continent américain.
(Deleuze, J. § Couvet, W., Le Palmier., Décembre 2013)
Bibliographie
Galeano, G. & Bernal, R (2013) Sabinaria, a new genus of palms (Cryosophileae, Coryphoideae, Arecaceae) from the Colombia-Panama border. Phytotaxa 144 (2): 27–44. Magnolia Press, Auckland, NZL.
Pour ceux qui souhaiteraient lire la publication (en anglais) dans son ensemble, voici le lien vers l'article:
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Re: Serranía del Darién (Sabinaria, un Joyau des Amériques)
Vraiment un superbe palmier!!!!!!!!!!!!
jardinierpalmiertrat- Age : 49
Localisation : rennes
Date d'inscription : 02/08/2014
Messages : 704
Re: Serranía del Darién (Sabinaria, un Joyau des Amériques)
Effectivement, il porte bien son nom
Eric FLORE- Admin
- Age : 60
Localisation : Reims
Date d'inscription : 30/07/2014
Messages : 200
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